Méditation de Carème 3

1er avril 2019

Dans les évangiles on parle souvent qu’il faut prier sans se décourager.

Parmi les histoires évangéliques les plus émouvantes se trouve l’histoire de l’aveugle Bartimée. Assis au bord de la route, il apprend que Jésus s’approche. Même si l’évangéliste Marc ne le mentionne pas, on déduit facilement que Bartimée a déjà entendu parler de Jésus de Nazareth. Pour Bartimée, qui à cause de sa cécité ne peut se déplacer qu’avec une grande difficulté, c’est une occasion unique. Bartimée ne peut aller à la rencontre de Jésus, et voilà, Jésus lui-même s’approche :

« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »


On lui fait des reproches, on lui dit de se taire, mais Bartimée crie encore d’avantage :

« Fils de David, aie pitié de moi ! »


Jésus le fait appeler et – à notre étonnement – lui pose une question, à nos yeux, banale :

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? ».

Le malheureux aveugle, qu’est-ce qu’il peut demander plus que la vue ? Jésus est un psychologue parfait. Il faut que Bartimée s’exprime ; il faut qu’il formule sa demande :

« Pour que je voies, Seigneur ».


Cette réponse est plus profonde que nous le croyons. En texte grec St Marc écrit :

« Ραββουνι, ινα αναβλεψω »

. On y utilise le verbe : « αναβλεψω », c’est le future de « αναβλεπω » qui en effet signifie : recouvrer la vue, mais d’après le dictionnaire biblique grec-français, c’est une signification secondaire de ce verbe. La première signification c’est :

« lever les yeux vers le ciel ; discerner ce qui est en haut ».


Et voilà, nous sommes très proches de Bartimée. Nous ne voyons qu’un petit fragment de la réalité ; nous ne voyons que ce qui est matériel, et une magnifique réalité spirituelle reste toujours voilée à nos yeux. Il faut que nous criions après Bartimée. Il faut que nous répondions au Seigneur :

« Ραββουνι, ινα αναβλεψω », « que je discerne ce qui est en haut ; que je lève mes yeux vers le ciel ; que je détache mes pensées de ce qui est uniquement matériel ». 


Ayons le courage et l’audace de Bartimée :

« υιε Δαυιδ, ελεησον με ; Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ».